Texte de Henri Guette, 2023 « Germain Marguillard, le point d’origine »

(FR) Où commence le monde ? Si le modèle cosmologique du Big Bang s’est développé et imposé tout au long du XXème siècle grâce aux travaux de mathématiciens, physiciens, astrophysiciens, astronomes, de multiples imaginaires ont été formulés au cours des siècles et par différentes cultures pour en expliquer l’origine. Des récits teintés de sacré ont mis en avant des points de départ possibles, au travers d’un arbre immense, d’un océan sans fin ou d’une pierre comme les Grecs anciens qui firent de l’omphalos de Delphes un symbole et le nombril du monde. En résidence à Mont-Dol en Ille-et-Vilaine et lors de l’exposition Petra Genetrix¹, Germain Marguillard s’est intéressé particulièrement aux pierres qui pouvaient condenser ce sentiment de l’origine, aux ruines des autels sacrificiels dédiés à Cybèle et Mithra et à la manière dont les minéraux peuvent être chargés. Ces signes dans le paysage, ces pierres de granit ou de marbre dans lesquels on voit une manifestation ou un lien avec une puissance transcendante, l’ont amené à se demander comment se perpétuent ces liens jusqu’à nos contemporains, aux forces qui les entourent et les dépassent. Avec Axis Mundi, où il reprend en miniature la forme d’une architecture sacrée antique qu’il associe à un bétyle, il initie la comparaison entre la caverne et le temple. En jouant des matériaux fragiles comme le plâtre et la cire et d’autres plus durables comme la céramique ou le bois, en travaillant jusque dans les socles le trompe l'œil, il cultive le doute d’une époque en mal de repères. En donnant à percevoir comme culturel des ensembles géologiques, il rappelle l’existence de certains cycles et par son goût de l’éclectisme, le retour d’une pensée New Age.

Mircea Eliade dans Le Sacré et le Profane² analyse bien comment “l'homme moderne qui se sent et se prétend areligieux dispose encore de toute une mythologie camouflée et de nombreux ritualismes dégradés”. La crise de l’idée de progrès, la faillite d’utopies révolutionnaires et la remise en cause du modernisme laissent un vide pour de nombreux individus qui cherchent à reconstituer un rapport à la spiritualité, parfois mâtiné d’observations scientifiques. L’exposition À l'infini, pas du tout à Passerelle Centre d’art contemporain³, traduit bien ce mouvement de balancier : j’y crois un peu, beaucoup, passionnément... La proposition de Germain Marguillard n’est pas sans humour et les panneaux de bois et céramique de Fenêtre quantique, malgré la rigueur des schémas de physique quantique qui les ont suggérés ont quelque chose du cartoon. L’exposition appelle à une forme de distance que ce soit avec ce jeu de clin d'œil qui attire et met en garde le spectateur ou plus largement avec sa scénographie qui embrasse le white cube à la fois comme un espace sacré et un laboratoire. L’éclairage particulièrement blanc renforce la netteté des ombres et fait ressortir ce je ne sais quoi dans les œuvres qui nous les présente malgré leurs finitions plus fragiles et presque artisanales.

Les sculptures Montre moi l’univers et Dessine moi la matière, reprennent la forme de l’accélérateur à particules que peu de visiteurs reconnaîtront de prime abord. Objet de fantasme comme dans le texte d’Aurélien Bellanger Eurodance⁴, cet instrument de pointe, formateur de trou noir, est, malgré sa terrible puissance, dépourvu d’un imaginaire auprès du grand public. Il est, en effet, enterré et surveillé, loin des regards, comme si le fait d’être occulte lui conférait une efficience supplémentaire, un rôle presque cosmogonique. Germain Marguillard joue de cette ambivalence en croisant dans ses œuvres les formes scientifiques/technologiques avec des symboles alchimiques. Les opérations de transformation qu’il mène sur ses matériaux participent de ce processus, alimentent l’idée d’un rituel ou d’un passage au sacré. Il s’agit de montrer une continuité symbolique, de traiter du sujet des croyances et d’une forme de foi scientifique.

En tournant autour de Halo, qui reprend la forme de la parabole, on entend un écho, un phénomène sonore que la forme mathématique induit. La sculpture crée un champ autour d’elle qui saisit physiquement le spectateur en absorbant le bruit de ses pas. Quand la parabole de pointe utilisée par les scientifiques sert à capter des signaux qui viennent d’un au-delà, celle déployée par l’artiste sert à explorer un au-dedans. Les matériaux qu’il façonne, à la fois à la main et avec des outils numériques très sophistiqués, le bois, le métal, la céramique et la pierre reconstituée, évoquent un rapport au temps à l’inverse du futurisme. La façon dont il travaille l’ornement de ces formes remet en cause la notion de l’efficacité aujourd’hui, de la neutralité affichée de ces instruments et des objets techniques pour proposer un pas de côté. Qu’est-ce que le boson de Higgs a apporté à notre esthétique d’aujourd’hui ? La question de l’origine tout comme celle de la destination, du but est de celle qui permet à une civilisation de se définir. À l’heure où certains regardent vers Mars, Germain Marguillard avec une exposition comme À l'infini, pas du tout cherche à recréer, sinon un commun à l’échelle de la main, un imaginaire où s’investir quelle que soit l’échelle.

1 Germain Marguillard, Petra Genetrix, Maison du tertre, Mont-Dol, Ille-et-Vilaine, 09 juin – 1er juil. 2023
2 Mircea Eliade, Le sacré et le profane, Paris, Gallimard, « Idées », 1965 ; rééd. « Folio essais », 1988
3 Germain Marguillard, À l’infini, pas du tout, Passerelle Centre d’art contemporain, Brest, 16 juin – 16 sept. 2023 4 Aurélien Bellanger, Eurodance, Paris, Gallimard Hors Série Littérature, 2018

Text by Henri Guette, 2023 « Germain Marguillard, the origin point »

(EN) Where does the world begin? While the cosmological model of the Big Bang was developed and established in the 20th century thanks to the work of mathematicians, physicists, astrophysicists and astronomers, a wide range of imaginative ideas have been formulated by different cultures over the centuries to explain its origin. Sacred narratives have suggested potential starting points, such as an immense tree, an endless ocean or a stone, like the ancient Greeks who made the Omphalos of Delphi a symbol and the navel of the world. During his residency at Mont-Dol in Ille-et-Vilaine, and for the Petra Genetrix¹ exhibition, Germain Marguillard was particularly interested in stones that could convey this sense of origin, in the ruins of sacrificial altars dedicated to Cybele and Mithra, and in the way minerals can be charged. These signs in the landscape, these granite or marble stones in which we see a manifestation or a link with a transcendent power, led him to ask how these links are perpetuated down to our contemporaries, to the forces that surround and surpass them. With Axis mundi, in which he reproduces in miniature the form of an ancient sacred architecture and associates it with a betylus, he initiates a comparison between the cave and the temple. By playing with fragile materials like plaster and wax and more durable ones like ceramics and wood, and by using trompe l'oeil in the pedestals, he cultivates the doubts of an era in need of reference points. By presenting geological assemblages as cultural, he reminds us of the existence of certain cycles and, through his taste for eclecticism, the resurgence of New Age thinking.

Mircea Eliade, in Le Sacré et le Profane², gives a good analysis of how "modern man, who feels and claims to be areligious, still possesses a whole disguised mythology and many degraded ritualisms". The crisis of the idea of progress, the collapse of revolutionary utopias and the questioning of modernity have left a void for many people who seek to reconstruct a relationship with spirituality, sometimes mixed with scientific observations. The exhibition À l'infini, pas du tout at Passerelle Center for Contemporary Art³ reflects this swing of the pendulum: I believe in it a little, a lot, passionately... Germain Marguillard's proposal is not without a sense of humour, and the wood and ceramic panels of Quantum windows, despite the rigour of the quantum physics diagrams that inspired them, have a certain cartoonish quality.

The sculptures Show me the universe and Draw me matter take the form of a particle accelerator that few visitors will recognise at first glance. Object of fantasy, as in Aurélien Bellanger's text Eurodance⁴, this cutting-edge instrument for creating black holes, despite its terrible power, does not exist in the public imagination. Buried and guarded, out of sight, it seems as if the fact that it exists in the occult gives it an extra efficiency, an almost cosmogonic role. Germain Marguillard plays on this ambivalence by combining scientific and technological forms with alchemical symbols in his work. The transformations he performs on his materials are part of this process, feeding into the idea of a ritual or a passage to the sacred. The idea is to show a symbolic continuity, to deal with the theme of belief and a form of scientific faith.

As you walk around Halo, which takes the form of a parabola, you hear an echo, a sonic phenomenon induced by the mathematical form. The sculpture creates a field around itself that physically captures the viewer by absorbing the sound of their footsteps. While scientists use state-of-the-art satellite dishes to pick up signals from the outside world, the artist uses them to explore an inner world. The materials he shapes, both by hand and with sophisticated digital tools - wood, metal, ceramics and reconstituted stone - evoke a relationship with time opposite to futurism. The way he adorns these forms challenges today's notion of efficiency, of the neutrality of these instruments and technical objects, and offers a step aside. What has the Higgs boson brought to contemporary aesthetics? The question of origin, like that of destination and purpose, is one that enables a civilisation to define itself. At a time when some people are looking towards Mars, Germain Marguillard's exhibition À l'infini, pas du tout seeks to recreate, if not a common ground on the scale of the hand, an imaginary world in which to invest ourselves, whatever the scale.

1 Germain Marguillard, Petra Genetrix, Maison du tertre, Mont-Dol, Ille-et-Vilaine, 09 June - 1 July 2023 2 Mircea Eliade, Le sacré et le profane, Paris, Gallimard, "Idées", 1965; republished in "Folio essais", 1988. 3 Germain Marguillard, À l'infini, pas du tout, Passerelle Centre d'art contemporain, Brest, 16 June - 16 Sept. 2023 4 Aurélien Bellanger, Eurodance, Paris, Gallimard Hors Série Littérature, 2018

Texte de Loïc Le Gall, 2023 (à propos de l’exposition À l’infini, pas du tout au CAC Passerelle, Brest-FR)

(FR) À première vue, il semble difficile de relier l’esthétique de Marguillard à une époque précise. Celui-ci emprunte des codes de représentation et des manières de voir le monde qui sont, a priori, en contradiction et hors du temps. Le fil rouge de ses recherches est l’ésotérisme; il se passionne pour des croyances, des pratiques ou des phénomènes qui ne peuvent pas être expliqués ou mesurés par la méthode scientifique tels que l’astrologie, la divination, la magie, ou encore la parapsychologie. D’un autre côté, il suit avec attention les évolutions technologiques des sciences dites dures, dont la chimie, l’astronomie et la physique, tout en ayant aucune ambition scientifique. Marguillard vient confronter ces mondes qui s’observent en chiens de faïence mais qui partagent pourtant des interrogations communes : comment la matière change ou transmute ? Qu’est-ce que le chaos ? Et bien d’autres questions que l’on pourrait qualifier d’existentielles…

L’artiste met particulièrement en regard le microscopique et le gigantesque, depuis l’atome jusqu’à la galaxie. Les objets, les documents et instruments scientifiques le fascinent. Il se réapproprie bon nombre de formes issues de ce vocabulaire particulier dont celle iconique de l’accélérateur à particules qui permet aux scientifiques de mieux comprendre comment l’univers fonctionne et d’étudier la transformation de la matière.

Marguillard met en lumière une autre dualité : celle de la tradition face à la modernité. Il combine des formes décoratives simples qui rappellent fortement les arts islamique et médiéval. Pourtant, ces motifs sont inspirés de traités de botaniques, d’anatomie et d’autres ouvrages scientifiques. Marguillard s’attèle à les associer dans des sculptures qui s’apparentent à des outils technologiques où ils n’ont pas a priori leur place. En jetant ce pont entre deux univers incompatibles, il réinsère de la symbolique et de la grâce dans l’univers scientifique qui exige pourtant la seule utilité et le fonctionnel. Présentées ensemble, ses sculptures singulières rappellent paradoxalement autant un site archéologique qu’un laboratoire de technologie de pointe. En cherchant à retrouver du spirituel dans le quotidien – à l’exemple aussi de ses oeuvres murales mi-écran mi-vitrail –, Marguillard remet en cause nos certitudes acquises dans un monde où l’information n’a jamais été si disponible et si manipulée.

Text by Loïc Le Gall, 2023 (about À l'infini, pas du tout at CAC Passerelle, Brest-FR)

(EN) At first glance, it seems difficult to link Marguillard's aesthetic to a specific period. He borrows representative codes and ways of seeing the world that are contradictory and timeless. The common thread running through his research is esotericism; he is fascinated by beliefs, practices and phenomena that cannot be explained or measured by the scientific method, such as astrology, divination, magic and parapsychology. On the other hand, he closely follows technological developments in the so-called hard sciences, including chemistry, astronomy and physics, but without having any scientific ambitions. Marguillard brings these two worlds face to face, observing each other as if they were mirror images, but sharing the same questions: how does matter change or transmute? What is chaos? And many other questions that could be described as existential...

The artist focuses on the microscopic and the gigantic, from the atom to the galaxy. He is fascinated by scientific objects, documents and instruments. He has appropriated a number of forms from this particular vocabulary, including the iconic particle accelerator, which allows scientists to better understand how the universe works and to study the transformation of matter.

Marguillard highlights another duality: that between tradition and modernity. He combines simple decorative forms that are reminiscent of Islamic and medieval art. But these motifs are inspired by botanical and anatomical treatises and other scientific works. Marguillard combines them in sculptures that resemble technological tools in which they do not belong. By building a bridge between two incompatible worlds, he reintroduces symbolism and grace into a scientific universe that nevertheless requires only utility and functionality. Presented together, his singular sculptures are paradoxically as reminiscent of an archaeological site as they are of a high-tech laboratory. Seeking to rediscover the spiritual in everyday life - as in his half-screen, half-stained-glass murals - Marguillard challenges the certitudes we have acquired in a world where information has never been so available and so manipulated.

Texte de Pierre Ruault, 2021 (à propos de l’exposition Maudit verrou au 4ème Étage, Rennes)

(FR) La pratique de Germain Marguillard est concentrée autour de gestes d’assemblage et d’association d’éléments extérieurs dans l’espace artistique. La pensée assemblagiste qui préside à la construction de Maudit Verrou est cette hétérogénéité irruptive, que Gilles Deleuze a appelé une « pensée du dehors ». L’œuvre prend la forme d’un ensemble de structures de mobilier en bois réalisées à partir de caisses de transport. L’artiste y place des éléments utilitaires et technologiques à côté de répliques en cire et en céramique d’objets ethnologiques, totémiques et magiques. Germain joue avec les signes comme avec les images pour former une syntaxe combinatoire, relationnelle, qui s’appuie sur la mise en relations d’unités fragmentées dans un dispositif à l’intersection de sculptures, d’installations et d’environnements. Ce bricolage de formes est une composition chaotique, mettant en avant les réseaux sémantiques fournis par les images ou les mots, comme dans son titre Maudit Verrou qui renvoie à « mot dit vers où ». Germain pense ses œuvres comme un système formel d’écriture plastique mais surtout, dans une perspective lévi-strausienne du bricolage, comme un modèle de réflexion. L’anthropologue, proche des avant-gardes, avait élaboré une méthode structuraliste d’une pensée combinatoire élevée au rang de science : une pensée « sauvage » anhistorique qui travaille sur des « ruines » et des mythes archaïques :

« […] le propre de la pensée mythique, comme du bricolage sur le plan pratique est d’élaborer des ensembles structurés, non pas directement avec d’autres ensembles structurés, mais en utilisant des résidus et des débris d’événements : […] des bribes et des morceaux, témoins fossiles de l’histoire d’un individu ou d’une société […] ». Claude Lévi-Strauss, La Pensée sauvage, Paris, Librairie Plon, 1962, p. 32

On retrouve dans la pratique du bricoleur-assemblagiste Germain ce souci des objets « bricolés » articulé à une méfiance à l’égard de la culture occidentale moderne, et un intérêt pour les cultures vernaculaires et les forces occultes. Dans la production d’objets dérivés, l’installation semble digérer, réinterpréter et détourner des images et des récits issus de mythologies antiques, extra-européennes et contemporaines. Les formes de l’installation sont inspirées des cultes rendus à des divinités du passage, Hermès, Hécate et Papa Legba, des figures mythologiques qui se situent chacune aux croisements de différentes cosmogonies, et que l’artiste prolonge dans la sphère numérique. Cette pratique artistique et intellectuelle de l’assemblage, entre les mains de l’artiste, vise à la fois à remettre en cause des modèles dominants de la pensée occidentale, et à ouvrir une brèche sur d’autres formes de récits inédits, alternatifs et mystiques.

Text by Pierre Ruault, 2021 (about Maudit verrou at Le 4ème Étage, Rennes)

(EN) Germain Marguillard's practice revolves around gestures of assembly and association of external elements within the artistic space. The assemblage thought that governs the construction of Maudit Verrou is this intruding heterogeneity that Gilles Deleuze has called the "thought of the outside". The work takes the form of a series of wooden furniture structures made from shipping crates. The artist juxtaposes utilitarian and technological elements with wax and ceramic replicas of ethnological, totemic and magical objects. Germain plays with signs and images to form a combinatorial, relational syntax based on the relationship of fragmented units in a device at the intersection of sculpture, installation and environment. This bricolage of forms is a chaotic composition that highlights the semantic networks provided by images or words, as in his title Maudit Verrou, which refers to "word said to where". Germain sees his work as a formal system of plastic writing, but above all, from a Levi Strausian bricolage perspective, as a model for reflection. The anthropologist, who was close to the avant-garde, had developed a structuralist method of combinatorial thought that had been elevated to the rank of science: an ahistorical "wild" thought that worked on "ruins" and archaic myths:

"[...] the peculiarity of mythic thinking, like of bricolage on the practical level, is that it elaborates structured wholes, not directly with other structured wholes, but by using residues and debris of events [...] bits and pieces, fossil witnesses of the history of an individual or a society [...]": [...] bits and pieces, fossilised witnesses to the history of an individual or a society [...]". Claude Lévi-Strauss, La Pensée sauvage, Paris, Librairie Plon, 1962, p.32

Germain's practice as a bricoleur-assemblagiste reflects this preoccupation with 'bricolage' objects, combined with a distrust of modern Western culture and an interest in folk cultures and occult forces. In producing derivative objects, the installation seems to digest, reinterpret and redirect images and narratives from ancient, extra-European and contemporary mythologies. The forms of the installation are inspired by the cults devoted to the deities of passage, Hermes, Hecate and Papa Legba, mythological figures situated at the crossroads of different cosmogonies, which the artist extends into the digital sphere. This artistic and intellectual practice of assemblage, in the hands of the artist, aims both to challenge dominant models of Western thought and to open up to other forms of novel, alternative and mystical narratives.

Texte de Vincent Michaël Vallet, 2021 (à propos de l’exposition Maudit verrou au 4ème Étage, Rennes)

(FR) Germain Marguillard élabore une pratique entre recherches et intuitions. Il s’aventure sur des terrains comme l’alchimie et la magie pour mieux en étudier les processus de signes et les méthodes de communication. Cet intérêt pour le déchiffrage se retrouve dans le titre de l’exposition. Entre calembour et langage des oiseaux, le « mot dit vers où » devient le « maudit verrou », codage volontaire pour masquer une information. Le sens caché du titre invite à déchiffrer le sens caché des sculptures et des installations. Ces dernières devenant les réceptacles d’une énergie mystique, d’une spiritualité neuve où les grands mythes du passé et les questionnements numériques du présent fusionnent. L'utilisation de formes transformées et de matériaux empruntés à un contexte quotidien, palette, enjoliveurs et câbles, les éloigne de leurs fonctions habituelles pour se présenter à nous en énigme. L’hybridation des signes se multiplie dans un assemblage qui évoque autant un cabinet de curiosités, l’antre d’un prêtre vaudou que le laboratoire d’un alchimiste. Ainsi, chacune des œuvres éveille ces histoires communes, des projections mentales qui sommeillent en nous comme autant de liens avec des mystères occultes presque communément partagés. Les maudits verrous déposés ci et là dans l’exposition sont ici pour nous le rappeler, du mot vient la forme et de la forme retour au mot. C’est quand on ne cherche plus les phénomènes cachés et qu’on s’abandonne à eux, que le sens se dévoile.

Text by Vincent Michaël Vallet, 2021 (about Maudit verrou at Le 4ème Étage, Rennes)

(EN) Germain Marguillard's practice lies somewhere between research and intuition. He ventures into fields such as alchemy and magic to study the processes of signs and methods of communication. This interest in decoding is reflected in the title of the exhibition. Somewhere between a pun and the language of birds, the "mot dit vers où" becomes the "Maudit verrou", a deliberate code used to conceal information. The hidden meaning of the title invites us to decipher the hidden meaning of the sculptures and installations. These become receptacles for a mystical energy, a new spirituality in which the great myths of the past and the digital questions of the present merge. The use of transformed forms and materials borrowed from an everyday context - palettes, hubcaps and cables - takes them away from their usual functions and presents them to us as enigmas. The hybridisation of signs is multiplied in an assemblage that evokes a cabinet of curiosities, a voodoo priest's lair or an alchemist's laboratory. In this way, each of the works awakens shared histories, mental projections that lie dormant within us like so many links to occult mysteries that are almost commonly shared. The cursed locks placed here and there in the exhibition are here to remind us: from word comes form, and from form back to word. It's when we stop looking for hidden phenomena and surrender to them that meaning is revealed.